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En disant ces mots, elle entraîne Théobald dans la galerie du château, tandis que Léon va droit à la chambre de sa mère.

— Chère Nadège… vous allez être heureuse ; ah ! jurez-moi de ne la jamais quitter, dit Théobald, en serrant la main de Nadège.

— Pourquoi cette prière ? répond-elle, étonnée de l’accent douloureux qui l’accompagne. Puis-je être heureuse loin de ceux qui aiment Léon ? Pourquoi s’inquiéter de l’avenir lorsque le présent offre tant de bonheur ! Je ne saurais m’occuper aujourd’hui que de vous, de Céline. Quand tous vos vœux seront comblés, c’est vous alors qui penserez à moi.

— Oui… fiez-vous à elle ; laissez-lui le soin de votre félicité, c’est le plus sûr moyen de la voir s’accomplir ; rattachez-la à la vie en lui parlant souvent du bien qu’elle peut faire… Dites-lui que Théobald… Mais, j’entends des pas… on vient de ce côté… c’est Léon… grand Dieu… c’est la voix de Céline… c’est elle… ô joie ! ô désespoir ! Dieu de bonté ! encore un seul… un seul moment… Et Théobald tombe à genoux, et, se traînant avec peine jusqu’à la porte qui vient de s’ouvrir, il étend les bras vers Céline, et bientôt la presse sur son cœur.