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deux amis. Il se rappela tout à coup que, dans une circonstance aussi désespérée, des prisonniers français étaient parvenus à désarmer leurs conducteurs et à se venger d’un commandant ; et feignant de céder à la pitié, non à la crainte, il consentit à ce qu’exigeait Théobald.

Mais un Tartare humilié ne vaut pas mieux qu’un autre homme, et depuis ce jour, Théobald et Léon devinrent les victimes particulières de la rigueur du commandant. En arrivant à Oriembourg, il ne voulut pas leur permettre d’habiter plus d’un jour dans la ville, et il les envoya chez les misérables paysans d’un village sur les bords du Jaïck ; ils obtinrent, avec bien de la peine, la faveur d’emmener un de leurs soldats pour les servir.

Pendant le peu d’instants qu’ils restèrent à Oriembourg, Léon se rappela que Nerskin lui avait remis avec ses papiers une lettre à l’adresse d’un marchand de cette ville ; il s’empressa de la lui porter, et il apprit par ce négociant qu’elle contenait une traite de deux cents roubles au porteur. Elle expliquait aussi comment cette traite avait été substituée par l’officier Nerskin à une lettre de change qui se trouvait dans le portefeuille de Théobald.