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s’indigne avec lui des calomnies inventées pour flétrir l’honneur d’un si brave officier : on s’irrite contre ceux qui reprochent à Théobald un nom qu’il régénère ; et, passant par degrés du mépris à l’admiration, on applaudit avec transport ce jeune Éribert, ce courageux soldat qui fait oublier par ses vertus les crimes de son père. C’est au bruit des acclamations générales que son arrêt est cassé. C’est presque porté par tous les jeunes militaires témoins de ce jugement, qu’il parvient jusqu’à la porte du fort. Là, Marcel, muet de joie, attendait les deux amis ; mais il n’ose les approcher ; on le dirait honteux des larmes de bonheur qui remplissent ses yeux. Léon l’aperçoit, se jette à son cou, et le fait ainsi reconnaître pour le vieil ami qui a partagé et adouci leur infortune.

Théobald, abattu sous le poids de tant d’émotions, semblait respirer avec peine. Marcel, qui le voit pâlir, le force à entrer chez le concierge pour le soustraire à la foule qui l’entoure et le laisser se livrer sans contrainte au bonheur de retrouver celui qu’il a si longtemps pleuré ; lui-même a besoin de les voir dans les bras l’un de l’autre pour se convaincre de leur félicité.

Ainsi le ciel, protecteur de cette amitié sainte, partage des âmes nobles, leur accorde de semblables mo-