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Une volonté si ferme ne permettait aucun raisonnement ; il fallait y céder ou se résigner à subir toutes les conséquences d’un refus qui semblait décider du sort de sa famille entière, et le baron n’hésita plus.

— Allez, dit-il, après avoir remis à Léon la lettre qu’il vient d’écrire, allez délivrer le fils de l’assassin de votre père. Malgré l’horreur que son nom m’inspire, je supporterai sa présence, si elle seule peut vous rendre à tous le calme et le bonheur.

En finissant ces mots, M. de Melvas détourne la tête pour cacher les larmes qui s’échappaient de ses yeux. Mais Léon reconnaît, à sa voix émue, que la pitié l’emporte sur un juste ressentiment, et il se jette aux pieds de son oncle, lui prodiguant tous les noms que peut inventer la reconnaissance. Il lui jure que sa vie entière sera consacrée à lui prouver le dévouement, la tendresse d’un fils ; à lui rendre enfin l’amour de celui qu’il pleure encore.

À ce cruel et doux souvenir, le baron serre vivement Léon contre son cœur… Malgré son silence, l’émotion qu’il éprouve lui dit assez qu’il croit retrouver son fils ; mais, impatient de voler au secours de son ami, Léon s’arrache des bras de M. de Melvas ; des chevaux sont commandés, et les premiers rayons du