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— Toi qui le plains, dit-il en s’approchant de Céline, toi qui veux qu’on le venge, dis-moi s’il est encore temps de le secourir. Quels que soient les ennemis qui l’accablent, je saurai le défendre, le ramener vers toi qui le pleures, ou je mourrai avec lui.

— Je te reconnais, répond alors Céline, en se précipitant sur le sein de Léon, tu l’aimes aussi, tu es mon frère ! Ah ! malheureux ! pourquoi es-tu venu si tard !

En ce moment, des larmes abondantes vinrent inonder le visage de Céline. Le docteur insista de nouveau pour que Léon s’éloignât d’elle, dans la crainte de prolonger l’émotion qui la mettait en danger, car son pouls devenait convulsif, un rire amer se mêlait à ses larmes, et tout faisait craindre que la fièvre ne se portât au cerveau. L’effroi que ces symptômes causaient au docteur Frémont passa bientôt dans l’âme de tous ceux qui étaient présents. Madame de Lormoy s’abandonne à la plus vive douleur ; elle accuse le baron d’être cause de la démence de Céline. Tandis que M. de Rosac s’enfuit au désespoir, M. de Melvas, non moins effrayé de l’état de sa nièce, n’ose pas tenter de consoler sa sœur ; il prévoit des malheurs au-dessus de son courage, et reste anéanti sous le poids des maux qu’il se reproche.