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kin, s’y soumirent sans murmurer. Il n’en fut pas de même de la plupart de leurs camarades ; ils se révoltèrent, et les menaces de quelques malheureux désarmés n’aboutirent qu’à faire redoubler les mauvais traitements dont on accablait déjà tous les prisonniers.

Le prince tartare, qui désirait être de retour à Saint-Pétersbourg pour l’époque des bals, leur faisait faire des marches forcées, et déjà plusieurs soldats épuisés de fatigue étaient tombés morts sur la neige. Théobald et Léon, si forts contre leur propre souffrance, ne purent voir sans horreur tant de barbarie exercée sur leurs compagnons d’armes, et s’approchant tous deux du commandant :

— Épargnez-vous tant de peine, leur dirent-ils, faites-nous tous fusiller, mais ne nous livrez pas l’un après l’autre à la mort la plus affreuse. Vos ordres me sont connus, ajouta Théobald, vous êtes responsable de notre vie, et si vous ne consentez pas à nous laisser reposer dans ce village, je vous le prédis, vous serez puni comme un vil assassin, et par les ordres de votre maître.

Cette prédiction, faite d’un ton si ferme, arrêta le prince au moment où il se disposait à faire saisir les