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vue, tremblante, égarée, Céline veut s’opposer au malheur qu’elle pressent.

— Fuyez, s’écrie-t-elle en se précipitant vers la porte du jardin, prenez pitié de moi, fuyez, ou je meurs !

Et elle tombe inanimée dans les bras de celui qu’elle implore. Mais la surprise causée par l’apparition subite de l’étranger qui inspire tant d’effroi à Céline, ne permet pas d’abord de voler à son secours ; le baron seul, irrité de l’insolence d’un homme qui ose ainsi pénétrer dans sa maison, s’avance vers lui d’un air menaçant. Chacun se lève ; M. de Rosac s’élance vers Céline, l’arrache des bras de l’inconnu ; il est prêt à l’injurier, lorsqu’une voix fait entendre ces mots :

— C’est lui !… c’est Léon !…

Et au même instant Nadège entraîne madame de Lormoy dans les bras de son fils.

L’étonnement cède à la joie ; on s’empresse autour de Léon, chacun veut être témoin du bonheur qu’il éprouve en revoyant sa mère ; mais la voix qui l’a nommé, cette voix qui l’a fait tressaillir, d’où vient qu’elle se tait ? Est-ce une illusion, un vain souvenir ? Il jette ses regards sur toutes ces femmes qui l’entourent.

— Par grâce, leur dit-il, dans un trouble impossible à décrire, qui de vous a prononcé mon nom ?