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gothique dont elle avait le dessin fait par lui, ces ruines si pittoresques, tout à l’heure resplendissantes de lumières, venaient de rentrer aussi dans l’obscurité ; car le vent d’automne, qui soufflait avec violence, semblait s’opposer à l’éclat de cette triste fête. Quelques pots à feu, abrités par des arbustes, répandaient encore une faible lueur sur le parterre qui entourait le château. À ces rayons vacillants, Céline crut distinguer quelqu’un qui s’avançait mystérieusement, et cherchait à voir, de la terrasse, ce qui se passait dans le salon. Cette espèce de fantôme qui apparaissait et s’évanouissait tour à tour, selon les oscillations de la lumière, l’imagination de Céline lui prête la figure et la démarche de Théobald, et chaque pas qu’il fait pour s’approcher du château la confirme dans cette illusion ; elle ne doute plus qu’étant parvenu à s’échapper de sa prison, il vient, au risque de sa vie, l’arracher au pouvoir d’un rival ; elle croit entendre sa voix l’accuser de parjure ; tout à coup il s’arrête, et semble attendre le moment propice à sa vengeance ; mais bientôt, montant avec lenteur les degrés du perron, il parvient auprès de la porte et s’apprête à l’ouvrir. Le vent qui soulève son manteau laisse voir un habit d’uniforme : c’est celui de Théobald. À cette