Page:Nichault - Le Faux Frère.pdf/304

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

fille n’en avait témoigné de regret. Mais qu’importe ce que voulait, ce qu’avait dit Céline, sa mère la sentait souffrir ; c’en était assez pour se reprocher son malheur.

Il se fit un grand silence, et le notaire commença la lecture du contrat, avec l’air pompeusement grave, et la voix lugubre que prendrait un juge pour prononcer une sentence. Cette lecture ne fut guère écoutée que par les gens qu’elle n’intéressait point. Tous les articles en étaient connus et approuvés d’avance par les deux familles. Céline seule aurait pu désirer les connaître, car elle s’était constamment refusée à donner son avis à ce sujet, laissant à son oncle le soin d’un avenir qui n’avait plus d’intérêt pour elle ; mais, tout entière au souvenir de Théobald, au sentiment qui la portait à s’immoler en ce moment pour lui sauver l’honneur, elle n’entendit rien de cet acte, si ce n’est le mot sinistre de mort, qui, revenant à chaque article, arrivait à son oreille comme le son monotone d’une cloche funèbre.

Placée en face de la porte vitrée qui donnait sur le parc, elle voyait s’éteindre peu à peu les lampions qui éclairaient cette terrasse où, pour la première fois, Théobald lui avait parlé de son amour ; la tourelle