Page:Nichault - Le Faux Frère.pdf/301

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

commencer la lecture du contrat ; il fallut se décider à descendre dans le salon. Les corridors, la longue galerie qu’il fallait traverser pour s’y rendre, étaient remplis de paysans, curieux de voir et d’admirer la jeune fiancée. La plupart de ceux qui ne la connaissaient pas adressèrent leurs compliments à Nadège, dont le sourire et l’air animé leur annonçait une personne heureuse, tandis que la pâleur et le regard languissant de Céline ne laissaient pas supposer qu’elle prît aucune part à la fête.

M. de Rosac l’attendait à la porte du salon ; il lui offrit la main pour la conduire auprès de sa vieille tante, la présidente de R…, que son grand âge retenait ordinairement chez elle, et qui faisait presque un acte de dévouement en se dérangeant pour venir signer le contrat de mariage de son neveu. Après beaucoup de choses flatteuses, dites de ce ton affectueux qu’on peut appeler la grâce des vieilles femmes, la présidente ajouta :

— Mais elle paraît souffrante, cette chère enfant, et l’on aurait peut-être mieux fait de retarder la cérémonie jusqu’à son entier rétablissement. Le mariage le plus heureux n’est jamais exempt de craintes, de regrets, et il faut être en bonne santé pour supporter tant d’émotion.