Page:Nichault - Le Faux Frère.pdf/300

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

s’étaient réunis pour les escorter jusqu’au château, portaient des torches allumées, en courant à chaque portière ; ce qui donnait à ce joyeux cortège un aspect funèbre que Céline fit remarquer à Nadège.

Toutes deux étaient encore à leur toilette, ou plutôt Nadège achevait de parer Céline, pendant qu’absorbée dans ses pensées, celle-ci regardait tristement la lumière éclatante dont s’éclairaient déjà les derniers tilleuls de l’avenue. Telle était sa préoccupation, qu’elle ne s’aperçut pas que l’on attachait à son côté le bouquet envoyé par M. de Rosac, et qu’au moment où Nadège s’écria, en jetant l’épingle qui avait dû blesser Céline :

— Oh ciel ! je vous ai fait mal !

Elle répondit d’un air étonné :

— Non ; je n’ai rien senti. Cependant une goutte de sang vint colorer la draperie légère qui entourait le sein de Céline. Malgré l’indifférence qu’elle témoignait pour sa parure, elle ne sortit de sa rêverie que pour demander qu’on ajoutât quelques ornements à sa robe, ou à sa coiffure. C’était gagner du temps et retarder de quelques minutes le sacrifice du bonheur de sa vie.

Zamea était déjà venue plusieurs fois lui dire de la part du baron, qu’on n’attendait plus qu’elle pour