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XXIX


Pendant ce temps, M. de Rosac arrivait à Melvas dans un brillant équipage destiné à sa future. M. de Boisvilliers est avec lui ; car, dans l’ivresse du bonheur qui l’attend, il lui faut parler de ce qu’il éprouve, et se voir envier par son ami lui-même. L’amour-propre est rarement aussi aveugle qu’il le paraît, et telle personne vous étourdit de son succès, qui sent bien ce qu’il y manque. M. de Rosac était plus fier qu’heureux d’épouser Céline ; ses principes, sa candeur, l’éducation qu’elle avait reçue, lui répondaient de la sagesse de sa conduite ; mais il ne pouvait se dissimuler qu’aucun sentiment tendre ne l’avait portée à accepter sa main ; et, malgré sa confiance dans ses moyens de plaire, M. de Rosac sentait, pour ainsi dire, qu’il n’était pas selon elle, et que leur union offrirait un exemple de plus de ces mariages appelés de convenance, et dont le premier malheur est de ne se pas convenir.

La nuit commençait à tomber lorsqu’ils entrèrent dans l’avenue, suivis des voitures qui amenaient les parents de M. de Rosac, le docteur Frémont et le notaire de M. de Melvas. Les jeunes gens du village, qui