Page:Nichault - Le Faux Frère.pdf/298

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

jourd’hui ma seule consolation, répond Théobald avec feu : oui, l’on n’a pas le droit de se plaindre quand on possède un ami tel que toi.

Puis, se levant tout à coup, il va chercher un portefeuille qui était renfermé dans son nécessaire, le remet à Marcel, et dit :

— Voilà de quoi payer le service que tu dois m’obtenir. La Roche t’a donné rendez-vous à cette heure, va le trouver et reviens ensuite prendre ces papiers que je ne veux confier qu’à toi.

Marcel debout, immobile devant son maître, les yeux fixés sur le portefeuille, semblait hésiter à le prendre. L’altération de son visage peignait le combat qui se livrait dans son âme, et la cruelle résolution qu’il voulait imposer à son courage.

Il serait resté longtemps dans cette attitude, si l’arrivée du gardien et l’avis qu’il donna à Théobald n’avaient fait cesser son indécision. Antoine venait prévenir l’accusé que le conseil s’assemblerait le lendemain et que son affaire serait jugée sans désemparer ; cet avis reçu avec indifférence par Théobald fait pâlir Marcel ; il saisit vivement le portefeuille, et sort en lançant un regard qui semblait dire à son maître : Vous serez obéi.