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— Quoi ! cette France pour qui vous vous battiez si bravement…

— Elle me renie, je suis l’enfant maudit qu’elle repousse.

— Ah ! ne blasphémez pas ainsi ! est-ce la patrie qu’une poignée d’hommes acharnés à venger sur vous le malheur dont vous êtes innocent ? est-ce la patrie que ces militaires d’un jour qui croient gagner une bataille quand ils ont fait fusiller un brave soldat couvert de nobles blessures ? Est-ce la patrie qui défend au fils de couvrir de sa gloire les fautes de son père ? Non, la patrie est dans ces vieux guerriers qui ont essuyé les pleurs de la Révolution avec les drapeaux de la victoire ; elle est dans les défenseurs de la liberté, dans les soutiens de la justice, et le temps n’est pas éloigné, j’espère, où tous s’entendront pour rendre à chacun de nous ce qu’il mérite ; vivez jusque là.

— Non, ce serait acheter quelques jours honorables par un siècle de honte. Je n’ai pas assez de vertu pour endurer le mépris des hommes.

— Ah ! pourquoi l’estime, l’attachement d’un pauvre soldat sont-ils si peu de chose ? dit Marcel en levant les yeux au ciel.

— Ils sont mon bien le plus cher, et j’en attends au-