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heureusement il me trouve encore trop jeune et trop sotte pour faire le bonheur d’un gentilhomme gascon ; mais il me menace déjà de faire venir de Bordeaux de vieux maîtres d’agréments, pour changer mes chansons en romances plaintives, et ma danse créole en gavotte sérieuse. Comment ferais-je pour comprendre ces leçons-là, moi qui n’en ai jamais reçu que de ma mère ! viens donc à mon secours ; j’apprendrai de toi les talents qui me manquent pour plaire à un mari ; mais c’est à condition que tu choisiras le mien, qu’il sera ton ami, que tu lui feras jurer de ne jamais m’éloigner de ma mère ; car si tu es ce qu’elle aime le plus au monde, je suis l’enfant dont elle a le plus besoin. Ah ! réunissons-nous pour prolonger sa vie ; nos sentiments, nos intérêts, nos vœux sont les mêmes. Nous ne nous connaissons pas, voilà tout ; mais n’est-ce donc pas se connaître assez que de se chérir et s’attendre ?

« P. S. J’exige de toi la promesse de ne point refuser ta part dans l’héritage de mon père, sinon je croirai que tu me refuses aussi le doux nom de sœur. »

— Et tu pourrais résister à sa prière ! dit Théobald, après avoir lu ces mots ; non, ce serait offenser l’âme