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ouvrit une porte, et courut aussitôt à l’autre bout du château où une sonnette venait de l’appeler.

— Que me voulez-vous ? demande Zamea, surprise de la brusque apparition de Marcel.

— Je viens… vous prier… car c’est bien vous, n’est-ce pas, qui êtes la cause… mais Dieu me garde de vous le reprocher… Je sais que vous êtes une brave femme… et que, si vous servez les ennemis de mon maître, vous n’en êtes pas moins…

— Qui cela, ton maître ? interrompit Zamea, qui ne comprenait rien au discours de Marcel.

— Un homme comme on n’en rencontre guère, même dans la grande armée, enfin le capitaine Éribert.

— Ah ! malheureux ! s’écria Zamea, garde-toi de prononcer ce nom. Si l’on pouvait t’entendre, on te chasserait d’ici, et peut-être moi-même… Dieu sait comment on me traite depuis que M. le baron a fait arrêter ce pauvre jeune homme ! Je ne suis plus, disent-ils, qu’une vieille radoteuse qui n’est bonne qu’à introduire des intrigants dans la maison… Ah ! sans mon excellente maîtresse, ma chère Céline, je demanderais à retourner dans notre colonie, dussé-je périr avant de gagner le port. Mais parle bas, mon ami, et dis-moi ce que devient ton pauvre maître.