Page:Nichault - Le Faux Frère.pdf/28

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

il n’écoutait pas un mot des suppositions de son ami.

Céline écrivait à son frère :

« Reviens donc, je suis impatiente d’obéir à mon père. Ne m’a-t-il pas recommandé en mourant de reporter sur toi la confiance que l’on doit à son protecteur, son guide.

« Je te laisse, me disait-il, sous la douce autorité d’une mère souffrante, malheureuse, et qui ne saurait ajouter à tous ses chagrins celui de te contrarier, de t’imposer peut-être un sacrifice nécessaire. Ton frère, plus âgé que toi, ce Léon que j’aimais comme un fils, et qui devient aujourd’hui l’appui de ma famille, aura le courage d’être plus sévère. Promets-moi de suivre ses conseils ; le malheur a formé sa raison ; laisse-toi conduire par lui dans ce monde, dont tu ignores les dangers ; qu’il soit ton Mentor, ton ami ; enfin, qu’il remplace ton père. »

« Tu vois bien, cher Léon, qu’il faut que tu m’adoptes, ne fût-ce que pour me soustraire à l’autorité de mon oncle, dont les bienfaits me font trembler. Il parle de me doter, de me marier, le tout à sa fantaisie ;