Page:Nichault - Le Faux Frère.pdf/279

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

voir ; mais ne me plains point, la vie m’était odieuse.

— La vie ! répéta Marcel, mon Dieu ! je vous l’ai vu assez souvent risquer pour savoir le cas que vous en faites. Dans notre métier, on apprend à n’y pas tenir, et si ces juges d’enfer vous condamnaient tout simplement à mort, on s’en tirerait encore avec honneur ; mais ils n’ont garde d’être si humains…

— Je te comprends, interrompt Théobald avec un sourire dédaigneux ; mais je suis tranquille, ajouta-t-il en prenant la main de Marcel, ton amitié me préservera d’une telle infamie.

— Tout à vous, mon capitaine, répondit Marcel d’une voix étouffée, et Théobald se jeta dans ses bras.

En ce moment le bruit des verrous se fit entendre : Renard venait prévenir Marcel qu’il était l’heure de se retirer. Frappé de l’espèce de joie qui brillait dans les yeux de Théobald, et de la noble émotion qui animait le visage du soldat :

— Ah ! ah ! dit le gardien, nous avons de bonnes nouvelles, à ce qu’il me paraît ? tant mieux : j’aime à voir mes prisonniers plus contents, cela me console de m’en séparer.

— Quoi ! demanda Marcel, va-t-on nous sortir d’ici ?