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menaces contre l’iniquité des juges, et plus encore contre le ressentiment implacable de ceux qui, n’ayant su ni défendre ni sauver leurs amis de leurs véritables oppresseurs, criaient vengeance après la mort des coupables, pour la faire tomber sur des fils innocents. En exhalant ainsi son indignation, Marcel ne s’apercevait pas qu’il instruisait ainsi Théobald de tout ce qu’il s’était promis de lui laisser ignorer, et qu’en lui montrant sa douleur, il lui ôtait tout espoir.

Marcel parla longtemps sans que Théobald pensât à l’interrompre ; accablé sous le poids des premières paroles qui avaient échappé à la colère du vieux soldat, il lui semblait n’avoir plus rien à apprendre sur sa destinée.

Cependant Marcel se reproche déjà son indiscrétion, et tente de la réparer, en disant qu’on l’a peut-être abusé par de faux rapports. Mais Théobald exige de lui la vérité tout entière, et lorsque Marcel en vint à l’opinion de La Roche sur l’influence des souvenirs de la révolution dans les circonstances présentes, Théobald dit :

— Il ne faut pas te flatter mon ami ; en révolution, il n’y a ni bonne ni mauvaise cause. La prévention fait tout, et les plus honnêtes gens y obéissent : tu vas le