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Marcel, M. T… essaya de lui prouver qu’en déclamant ainsi d’avance contre les juges de son maître, c’était risquer de les irriter, et de se faire arrêter lui-même.

— Songez à ce que vous aurez à souffrir, ajouta-t-il, si vous perdez, par vos emportements, le moyens d’être utile à votre maître. Tâchez plutôt de paraître calme, pour mieux mériter la confiance des officiers chargés de le juger. Je crois qu’ils seront bientôt choisis par le général, et je m’engage à vous faire connaître leurs noms aussitôt que je les saurai. Vous pourrez tenter auprès d’eux quelques démarches ; et, j’en suis certain, ils ne refuseront pas d’entendre le témoignage d’un brave homme tel que vous.

Ce conseil raisonnable, et plus encore la bonté de celui qui le donnait, parvinrent à calmer la fureur de Marcel. Il se rappela qu’il avait rencontré, quelques jours auparavant, un chirurgien-major auquel il avait rendu un service éminent dans la campagne de Moscou, et qui lui avait dit être maintenant attaché à l’hôpital militaire de Bordeaux. C’était un homme fort estimé dans son art, qui, ayant eu le bonheur de soigner avec succès plusieurs chefs de l’armée, conservait avec eux des relations qui le mettaient à portée d’obliger beaucoup de personnes. Marcel se rendit chez lui