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de Lormoy pour assurer l’existence de Léon de Saint-Irène, mais il se plaisait à lui faire répéter tous les détails relatifs à l’enfance de cette charmante Céline.

— Je crains, lui disait-il souvent, que cette enfant d’un autre père que le tien ne t’inspire quelque jalousie.

— Cela serait bien injuste de ma part, répliquait Léon, car le second mariage de ma mère, loin de diminuer sa tendresse pour moi, n’a fait que m’acquérir deux cœurs de plus ; mon état, ma fortune, je dois tout à la générosité de M. de Lormoy ; c’est lui qui a pourvu aux frais de mon éducation, et c’est encore lui qui m’a légué la somme qui m’assure une honnête indépendance ; mais cette somme, je ne puis oublier qu’elle revenait de droit à sa fille, et malgré la promesse qu’elle exige de moi, ajouta Léon, en montrant à Théobald une lettre de Céline ; malgré mon respect pour les dernières volontés de mon bienfaiteur, je ne serai satisfait qu’après avoir rendu à ma sœur l’héritage entier de son père.

Pendant que Léon recherchait tous les moyens qui se seraient offerts pour accomplir ce vœu s’il était resté libre, Théobald lisait la lettre de Céline, et tout aux divers sentiments que lui inspirait cette lecture,