Page:Nichault - Le Faux Frère.pdf/264

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

seule d’étrangère avec mademoiselle Nadège. Je lui fais répéter dix fois ce nom sans pouvoir me persuader que je l’ai bien entendu. Enfin, je lui dis que s’il pouvait seulement me faire voir une minute celle qu’il appelait ainsi, je le régalerais d’un bon dîner. Il accepte.

» — Rien ne m’est plus facile, dit-il, que de vous satisfaire, mon brave ; elle se promène tous les matins avec mademoiselle Céline dans l’allée du petit bois. Venez, je vous y conduirai par le potager, et là, sans même être aperçu, vous pourrez voir la jolie petite Russe comme je vous vois.

» Je ne le fis pas attendre, comme vous le pensez bien. Mais voilà qu’en reconnaissant la fille de ce bon Phédor, je pousse un cri de surprise qui me fait découvrir.

» — C’est Marcel, s’écrie aussitôt mademoiselle Nadège. C’est le serviteur, l’ami de Léon, et elle me tend sa main que je baise en pleurant comme un imbécile.

— Céline était avec elle, interrompit Théobald, tu l’as vue ?

— Sans doute, je l’ai vue, elle m’a parlé ; c’est elle qui reprenait mademoiselle Nadège lorsqu’elle se trompait en me racontant ce qui vous était arrivé ; c’est elle qui m’a appris comment son frère n’était pas mort ; en vérité, j’ai cru que je devenais fou en les