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avec un ancien postillon qui me sert de guide jusqu’à moitié chemin ; je m’oriente comme je peux ; enfin j’arrive avec le jour à Melvas. Je vais d’abord me reposer au cabaret du village, pour mieux savoir les nouvelles ; mais ce n’était pas l’heure des caquets : chacun était déjà à l’ouvrage ; je me décide à aller tout droit au château. J’avais endossé l’uniforme pour être mieux reçu de ces pékins en livrée qui font souvent les insolents. D’abord je me promène devant la grille du château en long, en large, pensant bien que le concierge finira parvenir me demander ce que je fais là, et que nous pourrons ensuite entrer en conversation ; cela n’a pas manqué : le bonhomme s’est avancé vers moi. Je lui ai dit que j’attendais quelqu’un qui était en visite au château.

— De si bonne heure ! s’est-il écrié, cela n’est pas possible ; M. le baron est à Bordeaux ; on n’est pas encore entré chez madame, et la princesse ne se lève jamais qu’à midi ; d’ailleurs je suis certain qu’il n’est encore entré personne.

Tout cela aurait dû me déconcerter, car je vis bien que j’avais dit une bêtise ; mais sans faire mine de m’en apercevoir, je demandai s’il y avait beaucoup de monde au château, et il me répondit que la princesse y était