Page:Nichault - Le Faux Frère.pdf/26

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rant, tandis que Théobald, les yeux fixés sur l’image de la jeune Céline, paraissait enseveli dans un rêve enchanteur.

« — Quelle fatalité ! s’écriait Léon, succomber au moment de s’illustrer peut-être, quand j’étais si fier du plaisir que nos succès allaient lui causer ; car elle sait maintenant nos récompenses obtenues sur le champ de bataille, et c’est l’âme encore toute joyeuse de la gloire de son fils qu’elle va apprendre… Ah ! mon ami, on ne brave jamais en vain les ordres d’une mère.

— Sans doute, elle est malheureuse, répondait Théobald, mais n’a-t-elle pas auprès d’elle une fille chérie ! Ou ce portrait n’est pas fidèle, ou l’être doué de ces traits gracieux, de ce regard si naïf et si doux, doit, par sa présence et ses soins, consoler de tous les chagrins. Tu ne m’avais pas dit que ta sœur fût si jolie ?

— Je l’ignorais moi-même ; as-tu donc oublié qu’elle avait quatre ans au plus lorsque ma mère l’emmena à la Martinique, et que je ne les ai point revues depuis ?

Théobald savait très-bien que la mère de son ami, veuve et ruinée par les suites de la Révolution, s’était vue contrainte d’accepter la main du vieux marquis