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à la fois, ils l’accueillirent avec cordialité ; car dans ces lieux de malheur ou d’infamie, la politesse ne pénètre jamais ; les uns l’ignorent, et ceux qui en ont l’habitude ne s’en contenteraient pas. Chacun d’eux, persuadé que le nouveau prisonnier était arrêté, comme lui, par suite des événements politiques, le questionna sur la manière dont il s’était attiré la colère ministérielle ou préfectorale. Théobald ne dissimula point ce qu’il allait perdre dans leur estime, quand il leur avouerait qu’il était simplement victime d’une vengeance particulière qui n’avait aucun rapport avec celle dont ils se plaignaient. En effet, lorsqu’ils ne l’entendirent point déclamer contre tout ce qu’ils haïssaient, ils le soupçonnèrent d’être envoyé pour les espionner ; mais Théobald devinant leur pensée, s’empressa de déclarer hautement sa profession de foi politique.

— Je me suis battu avec honneur, dit-il, pour notre dernier gouvernement ; j’ai payé de mon sang ma croix et mon grade ; et j’aurais donné ma vie pour conserver un jour de plus la puissance à celui à qui mon pays devait tant de gloire. Je ne serai pas moins fidèle au prince qui depuis a reçu mon serment.

Le ton qui accompagna cette déclaration ne permet-