Page:Nichault - Le Faux Frère.pdf/252

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

des éclats d’une gaieté bruyante qui contrastait avec la tristesse du lieu. Le gardien ouvrit deux lourdes portes ferrées, et Théobald se trouva en un instant entouré de visages effroyables, dont les regards, exprimant une curiosité féroce, cherchaient à deviner à quel genre d’infamie on devait l’arrivée de ce nouveau compagnon. À l’aspect de ce repaire, Théobald se retourna pour demander au gardien s’il ne pouvait pas, à prix d’argent, obtenir une chambre, même un cachot où il pourrait rester seul ; mais la porte était déjà refermée, et le gardien n’était plus à portée de l’entendre. L’escroc en chef, l’orateur de la bande, qui pénétra sans peine ce qu’éprouvait Théobald, dit en riant :

— Ne crois-tu pas qu’il va l’attendre là pour demander tes ordres ? tu m’as l’air bon garçon, toi, et je vois bien que tu n’es pas un habitué de la maison ; allons, viens, nous allons te mettre au fait.

Théobald voulut s’éloigner sans répondre, et se faire jour à travers ce groupe de bandits pour arriver jusqu’au-dessous d’une fenêtre armée d’énormes barreaux ; là il respirerait un air moins infect ; mais la même voix le poursuivit encore en disant :

— Tu fais le fier ? ah ! vraiment, on t’apprendra l’égalité ici ; on voit bien à tes habits, à ton air capable,