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menacer de votre ressentiment pour la déterminer à hâter son mariage ; elle a pensé elle-même qu’il n’était pas de meilleur moyen de faire taire les sots propos qu’on tient toujours en pareille circonstance, et vous la voyez décidée de bonne grâce à tout ce que vous exigerez d’elle.

À ces mots le baron regarda sa nièce d’un air surpris, et garda quelque temps le silence ; mais ne la voyant point démentir ce que sa sœur affirmait, il dit d’un ton pénétré :

— Si cela est ainsi, je lui dois une éclatante réparation, car je m’accuse de l’avoir outrageusement soupçonnée.

— C’était fort mal à vous, interrompit madame de Lormoy, qui voulait le détourner de sa pensée ; car Céline n’a jamais rien fait qui dût vous laisser douter de son obéissance à vos désirs.

— Vraiment je ne me ferais pas autant de reproches, si je ne l’avais crue coupable que d’un tort de ce genre. Mais la supposer éprise du plus vil intrigant, lui prêter assez de bassesse pour seconder cet infâme dans ses horribles projets contre nous, voilà ce qui est inexcusable ; aussi je lui en demande humblement pardon. Tu me l’accorderas, ajouta le baron, en prenant la