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— Je vous comprends, répondit Céline, d’un ton calme, et je suis prête à vous obéir.

— Ah ! tu me rends la vie, s’écria madame de Lormoy en l’embrassant ; je ne sais pourquoi j’étais poursuivie d’une crainte si vaine. Mais la défiance de mon frère… la tristesse qui te domine depuis… enfin je m’abusais… Je veux le croire, ajouta-t-elle en soupirant, oui… tu seras heureuse, et ce mariage distraira ton oncle des idées qui l’aigrissent.

— Je l’espère, dit Céline, mais j’ai besoin d’en avoir la promesse, et c’est à M. de Rosac à me l’obtenir, sinon…

— Ne la demande pas, interrompit madame de Lormoy ; songe que mettre un prix à ta soumission, c’est la rendre inutile. Si M. de Rosac pouvait soupçonner que tu n’acceptes sa main que pour sauver Théobald, il se révolterait justement ; laisse-moi le soin de les calmer ; c’est pour moi que Théobald s’est rendu coupable, c’est à moi d’implorer sa grâce.

— Et s’ils vous la refusent ? dit Céline en tremblant.

— J’irai la demander moi-même à ses juges ; tant qu’on était en droit de l’accuser de t’avoir séduite, je ne devais rien tester en sa faveur ; mais le jour où tu