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après un entretien dont Céline avait trop pressenti le motif.

Il est un certain degré de malheur où l’âme semble reconquérir toute sa force pour le supporter dignement. À la menace du supplice infamant qu’on réservait à Théobald, Céline ne pensa plus qu’aux moyens de l’y soustraire, certaine de n’y pas survivre elle-même. Eh ! qu’était sa vie, son bonheur, en comparaison de l’honneur de celui qu’elle aimait ?… Cette noble pensée vint fixer sa résolution. Ainsi, dans le même moment où M. de Melvas exigeait d’elle le plus affreux sacrifice, elle s’ordonnait de l’accomplir.

Le lendemain, sa mère l’ayant fait appeler, Céline se rendit auprès d’elle, avec la triste assurance que rien ne pouvait ajouter au malheur qu’elle venait de s’imposer. Madame de Lormoy la vit écouter, sans émotion, tout ce qu’elle lui raconta de ce qu’avait éprouvé son oncle en la voyant ainsi pâlir au seul nom d’un supplice trop mérité, et comment cette émotion si vive avait confirmé ses soupçons.

— Enfin, ajouta madame de Lormoy, il était si transporté de colère, que je me suis engagée à obtenir tout ce qui pourrait te justifier à ses yeux et à ceux du monde.