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naître à elle sous son véritable nom, et sur les motifs qui l’avaient déterminé à lui faire plutôt cet aveu qu’à son oncle. La candeur de Céline, sa franchise habituelle rendaient sa réponse difficile ; elle voulait dire la vérité sans nuire à Théobald. Elle aurait trouvé tant de consolation à confier ses chagrins à sa mère, à s’accuser devant elle de cet amour si malheureux, si invincible ! mais elle redoutait jusqu’à la pitié de cette tendre mère. Elle venait de voir à quel point le soupçon de son sentiment pour Théobald avait redoublé la fureur de M. de Melvas ; elle savait que le moindre mot qui en donnerait la preuve, deviendrait l’arrêt de Théobald ; et tout lui faisant un devoir de se sacrifier à ce noble intérêt, elle se résigna au tourment, et presqu’au remords de feindre avec sa mère.

Elle lui parla des motifs qui avaient empêché Théobald de se confier à M. de Melvas ; elle avoua qu’elle s’était un moment flattée que les qualités personnelles de Théobald lui obtiendraient peut-être le pardon du crime de son père. Je voyais chaque jour s’accroître pour lui, ajouta Céline, votre attachement et celui de mon oncle, et puis il donnait tant de larmes à la mort de mon frère ! Il me racontait les traits touchants de leur mutuelle amitié, et je ne pouvais croire que le