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Touchée de cette prière, madame de Lormoy s’efforça de ramener le baron à des sentiments moins violents. Pour arriver à ce but, elle commençait d’ordinaire par établir que rien n’était plus juste que le ressentiment qui le dominait ; elle passait en revue tous les moyens de vengeance qu’il pouvait légitimement employer. Ensuite, elle en venait aux résultats de cette vengeance, et c’est là que son génie conciliant trouvait toujours quelques raisons pour le détourner du projet de l’accomplir. Cette ruse de la bonté est un don que le ciel semble avoir accordé aux femmes pour le bonheur des hommes. On l’a rarement vu employé sans succès.

Madame de Lormoy, dont la moindre émotion réveillait toutes les souffrances, parut tout à coup si oppressée que son frère et Céline, la voyant prête à se trouver mal, ne s’occupèrent plus qu’à la secourir. Aussitôt qu’elle fut mieux, le baron sortit de sa chambre en murmurant tout bas contre celui qui jetait ainsi le trouble dans sa famille.

Céline, restée seule avec sa mère, l’engagea à prendre quelque repos ; mais madame de Lormoy, trop agitée pour espérer un moment de sommeil, questionna Céline sur l’époque à laquelle Théobald s’était fait con-