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mort de son fils, quand nous la voyions succomber chaque jour à la seule crainte de cette perte. Eh bien, c’est moi, moi seule qu’il faut accuser de l’erreur où vous êtes restés tous deux. Théobald était, depuis longtemps, décidé à la faire cesser ; c’est moi qui l’ai conjuré d’attendre le rétablissement de ma mère, avant de lui porter un coup si terrible ; c’est mon amour pour elle qui m’a fait exiger de lui cette imprudence ; c’est moi qui dois seule en être punie.

— Vous le serez trop, reprit le baron en se promenant à grands pas dans la chambre ; pensez-vous que le monde tolère de semblables intrigues, et qu’il adopte, sans examen, toutes les belles raisons que vous donnez pour avoir passé tant de temps dans une si grande intimité avec un jeune homme que vous saviez bien ne pouvoir jamais entrer que par fraude dans votre famille ? Non, le monde dira que vous étiez d’accord tous deux pour la déshonorer.

— Oh ! ma fille, s’écria madame de Lormoy en fondant en larmes, pourquoi m’as-tu empêchée de mourir ?…

— Épargnez-la du moins, dit Céline en montrant sa mère, ne rendez pas ma faute inutile ; songez que la mort de son fils était moins cruelle à supporter que la