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te parler d’un autre sentiment ? Je gage qu’aujourd’hui tu te souviens des discours qu’il tenait pour te séduire, et qui ne te semblaient alors que l’expression, un peu exaltée, de la tendresse d’un frère. Conviens-en, ne crains pas de l’accuser ; tu ne saurais rien ajouter à l’infamie de sa conduite ; je dis plus, ton indignation l’accuserait moins que ton indulgence.

Ces derniers mots réprimèrent le mouvement qui portait Céline à protester de l’honneur de Théobald ; elle sentit qu’elle ne pouvait prendre sa défense sans le perdre, et, dans l’impuissance d’adoucir le ressentiment qu’il inspirait, elle voulut, en se dénonçant elle-même, supporter sa part des reproches dont on l’accablait.

— Jamais, répondit-elle à son oncle, Théobald n’a conçu le projet de m’abuser sur ses sentiments ; je savais qu’il n’était point mon frère.

— Vous le saviez ! s’écria M. de Melvas étouffant de colère, vous le saviez, et vous l’aidiez ainsi à nous tromper, à se jouer de l’honneur de toute votre famille !

— Je l’aidais à sauver ma mère, répliqua Céline en s’emparant de la main de madame de Lormoy. Vous savez si elle était en état de supporter la nouvelle de la