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qu’elle lui voyait répandre, et d’épargner à sa mère la douleur de la savoir pour jamais malheureuse.

Le baron instruit, par M. de Rosac, du retour de sa sœur, vint la trouver à Melvas, après avoir remis à ses gens d’affaires le soin d’entamer et de poursuivre le procès qu’il intentait contre Théobald. À peine arrivé, il se rendit auprès de madame de Lormoy, sans se faire annoncer. Céline lisait dans le cabinet attenant à la chambre de sa mère ; elle entendit la voix de son oncle, et le son de cette voix redoutable lui causa un tremblement tel qu’il lui fut impossible de se lever pour aller vers lui ; cependant madame de Lormoy l’appelait ; mais n’obtenant aucune réponse, M. de Melvas prit le parti de venir lui-même chercher Céline. Au bruit de ses pas, elle fit un effort sur elle-même et se leva pour l’embrasser.

— Pauvre enfant, dit-il en la serrant contre son cœur, il me semble la revoir après un naufrage, quand je pense au danger qu’elle a couru ; mais, dis-moi, ajouta-t-il en la conduisant près de sa mère, dis-moi comment ce misérable est parvenu à t’inspirer cette confiance fraternelle dont je te vois rougir maintenant, et qui pourtant était alors fort innocente de ta part ? N’a-t-il jamais tenté d’abuser de ce titre de frère, pour