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preuve de faiblesse et de crainte, vous ne la lirez point. Vengez-vous sur moi de tous vos anciens malheurs, j’y consens, et pourtant l’on sait que je puis défendre ma vie ; mais craignez d’attenter à mon honneur, et ne cherchez pas à le flétrir auprès de votre neveu, car il deviendrait le premier mon vengeur. La certitude d’être justifié à ses yeux, le respect que je dois à sa mère, m’ordonnent de supporter, aujourd’hui, l’infâme accusation que vous faites peser sur moi ; mais le moment qui me fera connaître, apprendra aussi jusqu’à quel point vous pouvez tout sacrifier au plaisir de satisfaire la plus injuste vengeance.

» Après avoir dit ces mots, il marcha fièrement vers la voiture qui l’attendait, et je pleurai, en le voyant partir escorté de tous ces gendarmes.

Céline avait écouté ce récit sans oser l’interrompre. Elle espérait assez de son courage pour l’entendre sans trahir la peine qu’elle en ressentait ; mais l’idée de voir ainsi humilier celui dont la bravoure s’était fait si souvent admirer ; l’idée de tout ce qu’avait dû souffrir cette âme noble et fière, en subissant la honte d’être traîné en prison comme un coupable, l’emportèrent sur tous les efforts de Céline. Elle fut réduite à conjurer Zamea de lui garder le secret des larmes amères