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— Quoi ! tu as été témoin de cette horrible scène ?

— Oui, j’étais là ; je causais avec les domestiques de la maison qui chargeaient sa voiture, car il ne s’était arrêté au château que pour y prendre ses malles, et écrire une longue lettre à votre oncle qui était absent, et nous faire à tous d’amples générosités pour l’avoir servi pendant son séjour ici. Il écrivait encore, lorsque nous vîmes paraître M. le baron suivi de beaucoup de monde.

» — Quelqu’un doit être arrivé cette nuit au château ? demanda-t-il d’un ton impérieux.

» On lui répondit que son neveu seul était venu, et qu’il le trouverait dans sa chambre.

» — Suivez-moi, dit-il aux officiers qui l’accompagnaient, et vous, restez ici, ajouta-t-il en parlant aux domestiques qui voulaient l’annoncer.

» Cet ordre, et l’état violent où semblait être votre oncle, nous firent prévoir quelque événement extraordinaire. Chacun de nous attendait ce qui allait se passer, sans oser dire un mot. Enfin, je m’entendis appeler ; c’était monsieur qui m’ordonnait de monter pour recevoir le havresac et le portefeuille de votre frère, que ce malheureux ne voulait confier qu’à moi, pour être remis à madame. Ah ! mon Dieu, que sa pâleur