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ils se mirent en route pour retourner au château de Melvas.

Combien ce voyage parut long et pénible à la malheureuse Céline ! Passer par le même chemin qu’elle avait fait à côté de Théobald, revoir les mêmes sites qu’elle avait admirés avec lui, se rappeler ces mots de tendresse mêlés à de simples réflexions dont elle seule comprenait l’à-propos ! Quel supplice pour un cœur comme le sien !

Cependant de nobles résolutions combattaient la langueur où la plongeait ces tristes pensées. Théobald était au pouvoir d’un ennemi implacable. Tout l’accusait devant les hommes, et la loi et l’amour même de Céline ; le seule bien qui pût le consoler, assurerait sa perte si on venait à en surprendre la moindre preuve. Comment donc le sauver ? L’amitié, la reconnaissance de Léon pouvaient seules tenter de le soustraire à la vengeance de M. de Melvas. Mais ce Léon, la cause de tous les malheurs de son ami, l’auteur de cette lettre qui venait de le faire jeter en prison comme un vil criminel, comment le faire prévenir ? comment suspendre les coups qu’il portait de si loin, sans se douter du cœur qu’ils atteignaient ; et lors même qu’il serait instruit du sort cruel de Théobald, lorsqu’il