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reur : un léger souffle s’échappe de ses lèvres livides.

— Grand Dieu ! s’écrie Théobald, il respire encore ! Ah ! mes amis ! secourez-le !

Les officiers russes, touchés de ce spectacle, et souriant du nom que l’espérance de Théobald leur accordait, l’aidèrent à soulever le pauvre blessé et à le transporter à l’ambulance. Là, un habile chirurgien parvint à extraire la balle qui avait mis Léon dans le plus grand danger ; et grâces aux soins de son ami, et aux recommandations d’un aide de camp du général Platow, Léon fut bientôt en état de partager le sort destiné aux malheureux prisonniers français.

Ils étaient déjà réunis à Colomna au nombre de cinquante, tant soldats qu’officiers, lorsqu’ils reçurent l’ordre de se mettre en route pour Tombow. À l’air affligé que prit l’aide de camp russe, en apportant cette nouvelle aux deux infortunés amis, ils devinèrent une partie des mauvais traitements qu’ils allaient avoir à supporter. Cependant ils étaient mis sous la garde d’un jeune prince, qui, élevé dans la cour d’un souverain poli et affable, ne devait pas ignorer les égards dus à la bravoure et au malheur.

Mais cet élégant Tartare, si galant avec les femmes, plus que doux avec ses égaux, était l’homme le plus