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— Rassurez-vous, répondit Céline, d’un ton calme, je ne cesserai jamais d’être digne de vous. Mais si la calomnie profitait de cet événement pour flétrir l’honneur de votre fille, vous n’auriez pas longtemps à souffrir de cette honte.

Il y avait dans l’accent de Céline quelque chose de sinistre, qui fit frémir sa mère ; M. de Rosac lui-même en fut effrayé, et tous deux se réunirent pour la ramener à des idées moins sombres. Madame de Lormoy promit donc de ne lui adresser aucun reproche sur ce qu’elle appelait son inconséquence. M. de Rosac jura de se battre avec tous ceux qui oseraient parler légèrement de cette aventure, et soupçonner Céline d’avoir encouragé les projets de Tbéobald. Mais sans faire attention à tout ce qu’ils imaginaient pour la tranquilliser, elle demanda seulement à quitter sans délai Bagnères. On craignait qu’elle ne fût pas en état de supporter les fatigues de la route. Elle affirma qu’elle en aurait la force, et témoigna le désir de consulter le docteur Frémont, comme étant le seul qui possédât sa confiance. Cette considération l’emporta sur toutes les autres. M. de Rosac se chargea d’ordonner le départ ; madame de Lormoy écrivit un mot d’adieu à la princesse Vollinsky ; et dès le lendemain