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Dans l’état de faiblesse où se trouvait alors Céline, elle se crut d’abord tourmentée par un rêve pénible. Sa mère, étonnée de la voir insensible à la consolation d’apprendre que son frère existait, essaya de la convaincre de cette heureuse nouvelle, en lui faisant part de la lettre de son oncle. Hélas ! les menaces qu’elle renfermait rendirent bientôt Céline à toute la réalité de son malheur ! Son premier mouvement fut de justifier Théobald du projet infâme qu’on lui supposait. Mais s’apercevant que la chaleur qu’elle mettait à le défendre animait encore plus le courroux de M. de Rosac contre lui, et qu’il interprétait ses larmes comme une preuve de la séduction qui était à ses yeux le plus grand tort de Théobald, elle sentit la nécessité de se contraindre, et se borna à raconter, avec toute la fierté d’une âme innocente, comment la méprise de Zamea, celle de madame de Lormoy, et le danger qui en avait été la suite, avaient placé malgré lui, Théobald dans la situation dont on lui faisait un crime aujourd’hui.

— Ainsi vous me trompiez tous deux ! s’écria ma dame de Lormoy, vous vous perdiez pour moi ; ma vie ne valait pas qu’on l’achetât si cher. Qu’en ferai-je à présent, si votre repos, votre réputation sont à jamais compromis ?