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lit à voix haute quelques articles de la gazette de Bordeaux. Tout à coup elle s’arrête ; sa mère lui demande, sans détacher ses yeux de la broderie qu’elle achève, si le journal ne contient plus rien d’intéressant. Céline se tait : étonnée de son silence, madame de Lormoy se retourne, et tremble d’effroi en apercevant sa fille évanouie. Les secours qu’on lui prodigua la ranimèrent bientôt ; mais ses yeux égarés, ses paroles sans suite, ses sanglots étouffés, la firent croire en délire. En la voyant dans cet état, sa mère jetait des cris qui attiraient tous les gens de la maison. M. de Rosac arrive en cet instant.

— Venez, s’écrie Céline, empêchez la…

Mais l’oppression qui l’accable ne lui permet pas de continuer : elle montre à sa mère les papiers qui sont sur la table. On ne la comprend point, son désespoir s’en augmente ; des convulsions l’agitent, et le médecin, qu’on a fait appeler, déclare qu’une prompte saignée peut seule ramener le calme et détourner les effets de cette crise.

Lorsqu’on la croit apaisée, on veut savoir ce qui peut avoir plongé Céline dans ce cruel état. M. de Rosac prend le journal, le parcourt ; ses yeux s’arrêtent enfin ; madame de Lormoy le voit pâlir, elle s’em-