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coulait d’une large blessure. À cette vue, Isaure tombe inanimée ; on vole à son secours ; elle n’était plus, et le fantôme s’était évanoui. Une longue trace de sang attestait seule son apparition. L’on prétend que chaque année, à pareil jour, la même trace de sang se revoit sur le tombeau d’Isaure.

— Voilà, sans contredit, un fort beau dénoûment, dit madame de Lormoy ; mais ce qui me plaît le plus de cette histoire, c’est la confiance qu’on avait alors dans la fidélité des amants. De notre temps, le même père aurait prévu que le chevalier rencontrerait sur son chemin quelque belle qui lui ferait oublier ses serments, et il se serait épargné la peine de le tuer.

— Ah ! madame, s’écria M. de Rosac, c’est par trop calomnier le siècle ! Puis s’adressant à Céline : j’espère bien que vous ne croyez pas cela ?

— Non, répondit-elle, en se tournant vers Théobald.

Et un regard la remercia de sa confiance.

— Au reste, reprit M. de Boisvilliers, cela dépend beaucoup de la personne qu’on aime.

— Dites plutôt qui aime, répliqua madame de Lormoy.

Alors il s’entama une discussion à laquelle les