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pour la terre sainte, en lui accordant, pour toute grâce, la permission d’aller faire ses adieux à la belle Isaure. Mais cette faveur était un piège. Caché derrière une tapisserie, le châtelain entendit le serment que faisait Isaure de rester fidèle au chevalier, et de mourir plutôt que d’accepter jamais la main d’un autre. À tant d’amour, Arthur avait répondu par des promesses de constance et de gloire. Indigné de cette résistance, et désespérant de la vaincre tant qu’il resterait aux amants une lueur d’espoir, le vieillard avait résolu la perte du jeune Arthur ; le soir même du jour marqué pour son départ, des gens apostés par lui au milieu d’un bois qu’il fallait traverser, fondirent tout à coup sur le chevalier, et l’assassinèrent.

En cet instant du récit, un cri douloureux se fit entendre.

— Quel triomphe pour le conteur, s’écrie M. de Rosac, sans s’apercevoir que Céline respirait à peine. Mais elle allait peut-être succomber à la terreur qui s’emparait de ses sens, si ce mot : courage ! n’était venu la ranimer. Accablée par tant d’émotions différentes, sa tête se renversa sur le dos de sa chaise, où se trouvait alors la main de Théobald. Il était entré doucement dans la crainte d’interrompre l’histoire qui captivait