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encore plus coupable que vous, en me rendant complice de vos torts, en vous aidant à prolonger l’erreur qui vous a fait adopter par ma famille, j’ai mérité tout ce que je souffre.

— Que dites-vous ? oh ciel ! votre mère connaîtrait mon amour ?…

— Eh ! ne se trahit-il pas aux yeux de tout le monde ? Oui, ma mère sait que vous aimez Nadège.

— Je respire, dit Théobald en prenant la main de Céline… est-il possible que vous vous plaisiez à me causer de semblables terreurs ? est-ce bien Céline qui peut s’abuser ainsi sur l’objet de mon amour ? Ah ! sans la défense qu’elle m’a faite de lui parler de cet amour, elle saurait que rien n’en pourra jamais triompher ; qu’il est à la fois mon repentir, ma gloire, mon tourment, ma joie, et qu’en ce moment même, où tout m’ordonne de le sacrifier, je sens qu’il est ma vie.

— Pardon ! fut le seul mot que proféra Céline, dans la douce émotion qui calmait sa souffrance.

— Non, reprit Théobald avec feu, je ne saurais te pardonner d’avoir ainsi calomnié mon cœur ; toi, pour qui j’oublie les devoirs les plus sacrés ; toi, qui deviens aujourd’hui mon excuse, ma conscience… je cesserais de t’aimer !… une autre ?… Non, tu n’as pu