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devons à la princesse, tout m’engage à détourner Léon d’un penchant qui aurait, tôt ou tard, de funestes conséquences.

— Mais il vaudrait mieux, je crois, lui donner cet avis, vous-même.

— Non ; il le prendrait pour un ordre, et il se ferait peut-être un point d’honneur d’y résister : venant de toi, il n’y verra qu’un conseil d’amitié ; vous discuterez ensemble ; tu pourras combattre ses raisons, le plaindre, le blâmer, et ta jeunesse même saura mieux le persuader que ma vieille expérience.

— Mais, nous nous abusons peut-être ? Ce que vous prenez pour de l’amour, pourrait bien n’être que de la reconnaissance, reprit Céline en tremblant de s’entendre contredire.

— À l’âge de Léon, ces deux sentiments se confondent toujours, quand le bienfaiteur est une jolie femme.

— Mais, comment lui dirai-je ?…

— Je n’ai pas besoin de te faire la leçon ; je m’en fie à ton cœur, pour trouver le meilleur moyen de se faire écouter. Mais, comme il n’y a pas de temps à perdre, je veux que dès demain tu parles à Léon. J’aurai soin que M. de Rosac ne vienne pas se mêler de l’en-