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avant tout le monde, de chez la princesse ; car il pouvait tout supporter de Céline, excepté la crainte de la voir se compromettre pour lui, et son bonheur même l’avertissait de la nécessité de la fuir pour toujours.

De retour chez elle, madame de Lormoy, se trouvant seule avec sa fille, lui confia les conjectures qu’elle avait faites, pendant cette journée, sur l’intelligence qui paraissait exister entre Nadège et Léon.

— Ce que nous avons vu, dit-elle, aujourd’hui, joint à l’émotion qu’ils ont éprouvée tous deux, en se revoyant, ne me laisse aucun doute sur leur amour, et m’effraie pour l’avenir. Je voudrais prévenir les chagrins inévitables qu’il en résulterait pour tous deux, et tu peux m’aider dans cette circonstance.

— Moi, ma mère ! dit Céline avec étonnement.

— Oui ; ton frère t’a peut-être confié cet amour ?

— Non, jamais, répondit-elle en respirant à peine.

— Eh bien, il faut lui dire que tu t’en es aperçue ; que d’autres peuvent s’en apercevoir aussi, et que tu lui conseilles de ne pas entretenir chez Nadège une espérance qui ne se réaliserait pas ; car, tu sais, comme moi, ajouta madame de Lormoy, que ton oncle ne consentirait jamais à un pareil mariage. L’intérêt qu’inspire cette jeune personne, les égards que nous