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Il n’était pas encore l’heure du dîner lorsqu’on arriva ; les femmes se mirent à causer, les hommes à jouer au billard, et Nadège prenant le bras de Céline, lui proposa de gravir ensemble la montagne qui dominait le jardin. Arrivées au sommet, elles se reposèrent sur un banc de mousse, et Céline demanda à Nadège si le climat du midi de la France, si différent de celui de son pays, ne l’incommodait point. C’était mettre assez naturellement la conversation sur la Russie, et, ce premier pas fait, les questions que Céline voulait adresser arrivaient sans paraître étranges.

Nadège mit d’abord une grande réserve dans ses réponses ; mais bientôt, entraînée par le charme attaché à Céline, à sa grâce affectueuse, elle se livra au plaisir de lui parler de son cœur, de ce qu’il avait souffert, et du chagrin qui l’oppressait encore. Sans la crainte d’être indiscrète, Céline lui aurait demandé le nom de celui qui causait sa peine ; mais ce soin même lui semblait inutile, car tout ce qu’avait dit Nadège de son sentiment pour un jeune Français, du désespoir qu’elle avait éprouvé en le voyant partir, de la constance qu’elle lui gardait, sans autre espoir que de lui être unie dans un meilleur monde, tout t’accordait parfaitement avec l’amour qu’elle lui sup-