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table où Céline appuyait le bras charmant qui soutenait sa tête, il se mit à la dessiner dans cette attitude ; chacun s’aperçut bientôt de ce qu’il faisait, excepté elle, tant sa rêverie était profonde. Quand M. de Rosac crut le dessin assez avancé pour que l’on pût juger de la ressemblance, il vint se placer derrière Théobald et s’écria :

— Cela est frappant, divin, enfin c’est elle.

À cette exclamation, Céline se réveille comme d’un songe douloureux, et demande ce qui cause tant d’admiration.

— Un portrait enchanteur, répond M. de Boisvilliers, et fait par monsieur avec autant de vivacité que de grâce.

— Ah ! je devine, reprit Céline d’un ton indifférent et sans témoigner le moindre désir de regarder ce portrait, que sa mère demandait à voir.

— Il est impossible de ne pas le reconnaître, et je suis certaine que Céline elle-même en conviendra, dit madame de Lormoy en passant le dessin à sa fille ; mais Théobald s’en empara vivement et prétendit qu’il y voulait retoucher quelque chose avant de le soumettre à une si grande autorité ; puis saisissant un moment où M. de Boisvilliers racontait un fait qui