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moins graves. On forma le projet d’une grande promenade pour le lendemain. Nadège, qui était depuis longtemps à Bagnères, devait conduire Céline sur une montagne, d’où l’on découvrait un site admirable ; et Céline se promettait de mettre à profit cette promenade, pour apprendre, de Nadège, une foule de détails sur le séjour de Théobald à Oriembourg. Dans les entretiens qu’ils avaient eus ensemble, Théobald avait toujours évité de parler de Nadège ; il ne pouvait se dissimuler qu’elle était la cause innocente du départ précipité, et par conséquent, de la mort de Léon, et c’était pour ne pas lui entendre reprocher ce malheur, qu’il avait gardé le secret sur l’amour de Nadège.

Tant qu’on est sous le charme d’un sentiment que l’on combat en vain, on croit que celui qui l’inspire exerce le même pouvoir sur tout ce qui l’approche. Aussi, Céline ne doutait-elle point que Nadège n’aimât Théobald. Son incertitude portait seulement sur la manière dont il répondait à son amour. Cette passion avait commencé en Russie : elle croyait pouvoir en être sûre ; car, sans cette raison, Théobald n’aurait pas gardé le silence sur Nadège. Il m’a trompée, pensait-elle, il s’est trompé lui-même, en croyant le souvenir de ce premier attachement effacé pour jamais…