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de tristes souvenirs. Il sait, ajouta-t-elle en montrant Théobald, dans quel trouble peut plonger tout à coup un souvenir de la patrie.

— N’en ayez point de honte, reprit madame de Lormoy en serrant la main de Nadège, de semblables émotions n’appartiennent qu’à un noble cœur. Il est tout simple, qu’en revoyant mon fils, vous pensiez à votre père, dont il nous a si souvent raconté les bons soins pour lui ; car, je n’en doute plus, vous êtes la fille de ce brave Phédor qui lui a donné asile.

— Il est vrai madame, dit alors Théobald d’une voix émue, c’est à son père, c’est à elle, que nous avons dû plus d’une fois notre salut.

— Croyez que je ne l’oublierai jamais, répondit madame de Lormoy, d’un ton solennel.

— Ni moi non plus, ajouta Céline, en tendant la main à Nadège, tandis que de l’autre elle essuyait ses yeux.

— Tout cela est fort bien, dit en se levant M. de Rosac, comme pour triompher de l’attendrissement général, mais le plaisir de retrouver les gens qu’on aime ne doit pas être mêlé de tristesse, et je suis d’avis, moi, qu’on prenne le bonheur en gaieté.

Cette saillie ramena la conversation à des intérêts